La mode des années 90

Après des décennies de consommation excessive, les années 90 marquent un tournant face à des contextes sociopolitiques déstabilisants : la guerre du Golfe (1990-1991) l’effondrement du bloc soviétique, le chute du mur de Berlin en 1989, hausse du chômage, le sida devient une épidémie.

La démocratisation de la télévision par câble et satellite et la libéralisation des ondes apportent une diversification des programmes ; et joue un rôle important dans les styles vestimentaires. Le style grunge fait son apparition par l’intermédiaire du groupe Nirvana. Le hip-hop monte en puissance et devient l’un des styles les plus populaires à la fin de la décennie. 

Pour la première fois les ateliers de couture sortent dans la rue, le style urbain est né. Les cultures minoritaires associées à des courants musicaux revendiquent leur propres styles, les chaines de grands magasins se multiplient face à la montée des petits créateurs et la vague vintage déferle.

Divers mouvements vestimentaires caractérisent les années 90. Il n’est plus question de culte du corps, mais plutôt d’une quête identitaire.

Certains vêtements, comme le sweat, le jean ou le bombers, sont devenus des pièces phares. Les t-shirts font passer des messages, les imprimés sont joyeux : fleurs hawaïennes et tartan sur les chemises, animaliers (vache, léopard et zèbre) sur les pantalons, foulards et autres accessoires.

La multiplicité des séries télévisées a permis à la génération 90 de s’identifier. Le succès fut immédiat et l’on prend aisément pour modèles les acteurs et actrices de ces séries à l’instar de Beverly Hills, Sauvé par le Gong, Hélène et les garçons, 21 Jump Street…

Le grunge : l’anti mode

Le style vestimentaire est en fait une anti mode très éloignée de la notion même de mode. Il est inspiré des tenues de travail des ouvriers de Seattle, dite « capitale de la pêche industrielle et du commerce du bois », avant de se répandre par l’intermédiaire des musiciens jusque dans la rue. Avec le succès de Nirvana et Pearl Jam, le grunge devient une mode.Pearl Jam

Ainsi, beaucoup de personnes ont adopté ce style, qui se développe en même temps qu’une mode minimaliste refusant la sur-consommation des années 80. Le grunge devient un mouvement de contestation anti jeunesse dorée et embourgeoisée, se référant aux beatniks des années 55 et aux punks.

Pour les filles : la robe à fleur, le gros chandail, accompagnés de rangers. Les vêtements proviennent des friperies, des vieux jeans usés, découpés, des leggins, des chemises à carreaux, des cheveux raides, des bottes militaires.

Les magasins de mode s’inspirent des tenues  de Kurt Cobain : de cheveux longs et non coiffés le plus souvent ; chemises larges ou à carreaux bûcherons, pulls décousus, jeans usés et basket usagées ou bottes de travail. Certains stylistes n’hésiteront pas à s’en emparer, à l’image de Marc Jacobs lors de sa première collection (printemps-été 1993) pour Perry Ellis. Il reprend les codes du grunge adaptés au luxe, à base de soie, cachemire, imprimés ou flanelle. Presque simultanément, Anna Sui (collection printemps-été 1993) ou d’une façon plus discrète Donna Karan, Michael Kors, Karl Lagerfeld pour Chanel ou Christian Lacroix.

GothiqueLes gothiques affirment leurs identités. Ils portent principalement du noir aussi bien dans leurs tenues vestimentaires que leur maquillage et couleur de cheveux.

La mode gothique est un ensemble d’éléments liés à l’apparence physique associée au mouvement gothique. L’apparence vestimentaire comme signe d’appartenance à une contre-culture autant que comme moyen de contestation esthétique est essentielle dans le mouvement gothique, qui revendique raffinement et élégance. La perpétuelle évolution du mouvement gothique nourrit régulièrement la mode gothique, dépassant le phénomène éphémère de mode .

L’expression urbaine des rappeurs rivalise avec celle des BCBG. Acteurs et stars du rap portent des vêtements décontractés et surdimensionnés*. Ils aiment les jeans délavés, les baskets blanches, le blouson de base ball aux manches satinées, le bombers et les pulls de criquet. La culture hip hop popularise aussi le style bling bling, les chanteurs arborent leurs bijoux clinquants et revendiquent un certain mode de vie très excessif qui fait fureur auprès d’une jeunesse rêveuse et avide de réussite.

zooties années 40*… L’amour de l’extra-large des rappeurs de l’époque puise ses racines dans un courant apparu dans les années 1940 aux Etats-Unis : les « zooties » aux Etats-Unis. Ce style rappelle celui des « zazous » en France. Durant les années d’occupation, alors que le tissu était rare et que même les cheveux étaient collectés pour en faire des textiles, cette jeunesse rebelle portait cheveux longs et vêtements disproportionnés…

La musique électronique se développe et les mouvements contre culturels privilégient les festivals et soirées rave party. Collants fluo, baskets montantes, hauts moulants, shorts en jeans Levis 501 composent les tenues idéales pour ces adeptes de musiques planantes.

La mode écoresponsable par l’usage de produits naturels, la mode durable, mais aussi l’authenticité avec des créations aux inspirations ethniques, arrivent peu à peu sur le devant de la scène. Les matières naturelles* tels que le lin, le soie, le coton, la laine sont sobres avec comme couleur unique le beige (lin). On redécouvre les bienfaits de la teinture végétale, les vêtements sans colorants artificiels, les pulls tricotés.

* Origine des fibres naturelles , origine des fibres animales

Portraits

« Six d’Anvers » à MMM

Les Six d'Anvers

Martin Margiela est né en 1957 à Louvain, en Belgique. Il fait ses études à l’Académie royale des Beaux Arts d’Anvers en même temps que cinq autres pointures de la couture. Avec Dries Van Noten, Ann Demeulemeester, Raf Simons, Dirk Bikkembergs et Walter Van Beirendonck, ils forment les « Six d’Anvers». Ce collectif  est reconnu pour son audace et son style avant-gardiste.

martin-margiela-belgium-newspaper-dated-march-3-1983Margiela commence à travailler pour la maison Jean Paul Gaultier à 27 ans. Encouragé par Jean-Paul lui même, il crée en 1988 sa propre marque qu’il baptise Maison Martin Margiela (MMM). Il devient alors l’un des créateurs les plus atypiques et influents de sa génération.

Une identité secrète

Martin Margiela alimente le culte du secret : pas de photo, pas d’apparition publique ni de salut à la fin de ses défilés. Il ne donne ses interviews que par fax et ne s’exprime jamais en son propre nom.  La maison n’a d’ailleurs jamais réalisé de campagne de pub ce qui explique un peu pourquoi seuls les mordus de mode le connaissent.  Cette démarche d’anonymat est justement l’essence de son concept de marque. La maison refuse le principe de marque, d’où l’absence de logo.

Martin Margiela expérimente et pousse la création toujours plus loin. Coutures apparentes et doublures visibles, il a hérité de Gaultier l’art de faire passer le dessous au-dessus. Recyclage : il redonne vie aux objets usés du quotidien : robe en peigne, smoking en papier, tunique cerf-volants… Cet artisan crée des pièces uniques, spectaculaires et visionnaires qui lui valent le respect de tous les plus grands créateurs. Déformer la perception du vêtement, c’est une des nombreuses passions du designer. Il joue avec les imprimés trompe-l’œil, les constructions absurdes et des matières inattendues. Ses défilés  se déroulent traditionnellement en public et dans des décors inhabituels comme des stations de métro ou des coins de rue. Les visages des mannequins sont souvent cachés par des pans de tissu ou des cheveux longs afin de focaliser le regard des spectateurs sur les vêtements et leur design.

Vivienne Westwood

Vivienne WestwoodNée à Glossop au Royaume-Uni le 8 avril 1941, Vivienne Westwood est une styliste et créatrice anglaise, fervente activiste. Pour produire ses pièces provocantes et excentriques, elle s’inspire à la fois des vêtements historiques et de la culture populaire.

Vivienne Swire naît dans un petit village d’Angleterre en 1941. Elle rejoint Londres à l’âge de 17 ans pour entrer à la Harrow School of Art, où elle étudie la mode. Elle se marie avec Dereck Westwood en 1962, dont elle garde le nom, puis divorce quelques années plus tard. Avec Malcom McLaren, son deuxième mari, elle ouvre une boutique en 1971, qui change de nom au fil des modes successives. D’abord « Let it Rock » au moment du mouvement hippie et rock, puis « Too Fast to Live, Too Young to Die » en 1972, elle devient « Sex » en 1974. Vivienne y expose ses premières créations vestimentaires, et grâce à l’intermédiaire de son mari, manager des Sex Pistols, elle habille le groupe et fonde le style punk. En 1976, le magasin devient « Seditionaries », on y trouve toutes les créations punks les plus extravagantes.

Le magasin est ensuite renommé « World’s End » et Vivienne présente la collection « Pirate » en 1981, lors d’un défilé à Londres. Son travail est reconnu et elle commence à intégrer le circuit professionnel. Ses créations sont présentées dans les défilés à Paris, New York, Milan.

Ses collections sont le fruit de différentes inspirations, de l’ethnique en passant par le punk : « Sauvage » (1982), « Nostalgie de la boue » (1982-1983) ou « Punkature » (1983). Ses pièces sont aujourd’hui présentées sous quatre collections : Gold Label, Red Label, Man et Anglomania. Vivienne Westwood reçoit en 1990 et en 1991 le prix de la « styliste britannique de l’année ». En 2004, le prestigieux Victoria and Albert Museum de Londres a retracé sa carrière.

Vivienne Westwood activiste

« Ce que je fais aujourd’hui, c’est toujours punk. Il s’agit toujours de crier contre l’injustice et de faire réfléchir les gens même si c’est inconfortable. Je resterai toujours punk dans ce sens »

« Défendre des idées me rend heureuse »

Vivienne Westwood

Buy less, chosse well

Source :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Grunge

Martin Margiela – Un créateur en 5 minutes

http://www.visitflanders.com/fr/themes/mode-belge/la-mode-belge-histoire/les-six-d-anvers/

https://www.lemonde.fr/decodages/article/2015/05/13/la-mode-hip-hop-sous-toutes-les-coutures_4632998_4606750.html

http://www.linternaute.com/biographie/vivienne-westwood/

Publié par Saikna creations

Créatrice de mode au style universel. Animatrice d'ateliers de couture, recyclage, DIY. Saikna s'engage à proposer des articles uniques ou de petites séries. En effet, il est possible aujourd'hui de détourner des matériaux et autres textiles de bonne qualité afin de leur donner une nouvelle vie, ou d'utiliser des tissus respectueux de l'environnement. Il est stimulant de transformer les matériaux, de faire fonctionner mon imagination pour proposer un nouveau style de mode, éthique, éco responsable. Je propose également des travaux de réparation textile.

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